Lorsque la conception explore les savoir-faire et les processus de transformation de la matière, elle investit les savoirs du fabriquant. Les apprenants designers palpent, sentent les matières ; ils répètent les gestes, manipulent des objets dans un effort physique et réflexif ; ils interagissent avec un milieu, coopèrent pour apprendre les uns des autres. C’est un apprentissage du corps.
Le Mettre en contact avec la matérialité qui soutient l’acte de design, favorise son immersion dans l’hétéronomie du monde (Crawford, 2016), éveille son écologie relationnelle et sensorielle (Andrieu, 2017). Il incorpore les savoirs, déploie ses capacités et ses compétences (Andrieu, 2010).
Comprendre les pédagogies « matérielles » m’invite à considérer le corps comme un informateur privilégié des vécus, des ressentis, des points de vue et des représentations qui le traversent.
Le « tournant matériel » soulève les capacités d’action et de réactions des êtres et des choses dans un processus de transformations réciproques. À travers l’appréciation des dimensions corporelles et matérielles en jeu, la recherche menée tente de comprendre comment ces affectations communes influent sur les possibles devenirs (Deleuze et Guattari, 1980) des apprenants designers mais aussi celui de l’acte de design.
Photo © Soustraire, journal de pratique filmé / C. Monvoisin
Andrieu, B. (2010). Le monde corporel de la constitution interactive du soi. Lausanne : L’Âge d’Homme.
Andrieu, B. (2017). Se fondre dans la nature, Figures de la cosmose, Cosmotique 1. Montréal : Liber.
Crawford, M. (2009). Éloge du carburateur, Essai sur les sens et la valeur du travail. Paris : La découverte.
Deleuze, G. & Guattari, F. (1980). Mille plateaux. Capitalisme et schizophrénie. Paris : Minuit.